Arnaud Théval La prison enforestée (2020), coursive du bâtiment d’habitation 2 de la maison d'arrêt de Draguignan.
À l’instar d’un dessin d'un tigre et d'un papillon photographié sur le mur d’une cellule, je m’interroge sur, qui, du surveillant ou du détenu, incarne le mieux l’insecte fragile ou la force du félin ? Les œuvres sont des séquences d’une immersion dans l'institution pénitentiaire, mêlant fragments d’enfermements et moments de formation. Elles croisent des histoires vécues, des lieux traversés et des mises en situation du personnel pénitentiaire et des personnes détenues questionnant ma relation à cet imaginaire carcéral et à la figure de ceux qui l’organisent et la subissent.
Arnaud Théval Guerre-guérison (2018), Institut de lutte contre le cancer Bergonié, Bordeaux.
Alors que l'institution hospitalière se réinvente une hospitalité dématérialisée, l'œuvre est une inversion de paradigme d'une figure blanche aux normes maîtrisées vers une figure remuée et multicolore de ses professionnels en leurs lieux. Par indices, sur les murs, sur eux ou dans leurs phrases, je leur découvre une intime nécessité d'inventer d'autres rapports dans l'institution et avec les patients, que ceux commandés par une mise aux normes comptable, tout en se questionnant sur leur propre figure.
Arnaud Théval Photo de classe (2005), FRAC des Pays de la Loire, Carquefou.
Les institutions organisent les corps dans l'espace du travail et de la formation, les y préparent par une succession d'incorporations et de petites séparations. Mon processus artistique invite les uns et les autres à trouver et à questionner leur place dans le groupe, depuis la crèche à l'entreprise. Ma recherche se construit par des aller-et-retours entre les cultures du travail, des formations et les codes de l'art. J'y créé une série de situations qui, par l'image, agitent l'espace social en y révélant les complexités d'apparaître autrement pour les individus employés, tout en m'attachant à inventer des espaces ouverts au dissensus, quitte à inquiéter le réel, à interroger les bords et à ré-interroger nos relations aux vivants. Cet ensemble d'œuvres est le résultat de processus d'implications des acteurs dans les institutions par un jeu d'image venant perturber les représentations standardisées.