Proximités

Arnaud Théval Proximités (2003), Édition Joca Seria et le Grand Café. © Christophe Pit.
Arnaud Théval Proximités (2003), Édition Joca Seria et le Grand Café. © Christophe Pit.

Proximités
60 pages 24 x 18 cm, reliure en spirale blanche
texte d'Emmanuel Hermange, historien et critique d'art
Co-éditions Joca seria, Nantes et Le grand café, centre d'art contemporain
2003

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Proximités (2003), Édition Joca Seria et le Grand Café. © Christophe Pit
Arnaud Théval Proximités (2003), Édition Joca Seria et le Grand Café. © Christophe Pit.

Sophie Legrandjacques, directrice du centre d'art contemporain le Grand Café
Cette édition paraît avec un décalage de deux années après la mise en place du projet « proximités » au Grand Café et aux chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire. Plus qu’une mémoire du projet, elle a été conçue davantage comme un instrument de mesure de son actualité. A ce titre, le texte d’Emmanuel Hermange constitue un outil critique précieux qui nous permet d’appréhender au mieux les conditions et le contexte particulier dans lequel Arnaud Théval a élaboré son projet. Le territoire, mais aussi les territoires de l’art constituent d’ailleurs une constante des invitations faites aux artistes par la ville de Saint-Nazaire. "Proximités" en est un des jalons les plus explicites, mais aussi certainement l’un des plus faussement évidents.

Proximités (2003), Édition Joca Seria et le Grand Café. © Christophe Pit
Arnaud Théval Proximités (2003), Édition Joca Seria et le Grand Café. © Christophe Pit.

Emmanuel Hermange, historien et critique d'art
Disposées dans les espaces où marchent et circulent quotidiennement les personnes qui y font figures, les mosaïques d'Arnaud Théval introduisent une tension qui, semble-t-il, vient de ce qu'elles entretiennent des connivences avec plusieurs genres et thèmes iconographiques, sans véritablement répondre à aucun d'eux. Si chaque figurant est bien photographié lors d'une rencontre particulière, et peut se reconnaître dans le montage final, pour autant, on ne saurait parler de portrait, tant la perception du corps-machine est prégnante. Il ne s'agit pas davantage d'un portrait de groupe bien que, Moholy-Nagy le rappelle, l'origine remonterait « au procédé naïf et néanmoins très habiles utilisé par les photographes autrefois qui consiste à créer une nouvelle image à partir de divers fragments ».
Et de citer ces images où des individus, photographiés un à un, sont ensuite réunis par un montage. Enfin, si le thème de la foule vient le plus spontanément à l'esprit du spectateur, Gustave Le bon lui rappelle que « le fait que beaucoup d'individus se trouvent accidentellement côte à côte ne leur confère pas les caractères d'une foule organisée. » Constamment traité dans l'art depuis la Révolution, après avoir été un motif de l'histoire peinte des guerres de religions (les martyres décimés en nombre), le thème de la foule connaît semble-t-il aujourd'hui un regain d'intérêt -- sous une forme spectaculaire et dépolitisée. Quelques artistes y trouvent en effet une manière -- parfois simpliste -- de convoquer le sentiment esthétique du sublime. Peuplées de figures sans autre paysage que celui -- bien réel -- qui entoure la surface du support -- la matière --, manifestement, les mosaïques de Théval demeurent bien étrangères à la question du sublime.
C'est davantage aux esthétiques populaires et satiriques, à leurs survivances dans l'art et la communication graphique, qu'il faut rattacher l'allure naïve des mosaïques d'Arnaud Théval. A la caricature et au portrait-charge, en particulier, en songeant par exemple aux études de têtes caricaturées déployées sans perspective sur une même feuille, celles d'un Carracci, d'un d'Hogarth, ou plus tardivement, d'un Louis Boilly, avec ces fameuses Trente-cinq têtes.

Proximités (2003), Édition Joca Seria et le Grand Café. © Christophe Pit
Arnaud Théval Proximités (2003), Édition Joca Seria et le Grand Café. © Christophe Pit.