Le télémaque

Arnaud Théval "L'art comme médiation dissensuelle" (2022) revue Le Télémaque, Caen.
Arnaud Théval "L'art comme médiation dissensuelle" (2022) revue Le Télémaque, Caen.

L’art comme médiation dissensuelle
Un processus de création critique dans et sur les institutions publiques d’une cité dite disciplinaire mise à l’épreuve des écarts et des porosités proposés par l’art

Texte et photographies de l'auteur
Dans le dossier 
Art et émancipation : l’art peut-il encore éduquer ?
coordonné par Alain Kerlan, philosophe
Revue Le Télémaque n°60 (philosophie, éducation, société)
Presses universitaires de Caen
2022

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Résumé : Certains artistes, aujourd’hui, en raison de leur démarche, sont, dans leur travail même, aux prises avec la question de l’émancipation. C’est le cas de l’auteur de cet article, Arnaud Théval, qui en parle et l’analyse en première personne. Du lycée professionnel à l’univers carcéral, d’un collège et d’une crèche à un institut de lutte contre le cancer, l’œuvre associée aux politiques publiques traverse les univers sociaux, en connivence avec les acteurs eux-mêmes, et en dévoile les tensions, les non-dits, les régimes de normalisation, à distance de l’instrumentalisation qui la guette. Si l’art peut encore éduquer c’est en tentant d’ouvrir, grâce aux conflits et aux dissensus qu’il génère, d’autres espaces de projections, dans lesquelles peuvent se révéler ou se renforcer des possibilités de relations dans la vie de la cité.

Extrait 
"La nécessité critique dont il s’agit ici n’est pas seulement celle de la critique intellectuelle, du moins ne s’en tient-elle pas à cette critique : il s’agit d’une critique qui doit habiter la démarche artistique elle-même, il s’agit d’une démarche qui s’efforce d’être elle-même cette critique en acte. C’est précisément la tension permanente entre des politiques publiques culturelles et le type de pratique artistique qui est le mien, et que revendique aujourd’hui un nombre croissant d’artistes 3, que cette contribution se propose de réfléchir. Cette pratique produit des œuvres qui ont pour particularité d’avoir traversé toutes les couches des sociétés auxquelles elles appartiennent, d’en porter peut-être les traces et les stigmates, et d’effectuer cette traversée avec toujours la même exigence de production d’une œuvre. De surcroît, cette traversée, pour ce qui me concerne, n’est pas l’aventure d’un artiste solitaire, elle s’effectue en connivence complexe avec celles et ceux, personnels hospitaliers, personnels pénitentiaires et personnes incarcérées, élèves d’une classe de lycée professionnel, etc., que les politiques publiques conduisent un jour à accueillir un « artiste en résidence ». Je pense à l’école et à cette invitation à réfléchir à la présence de l’image auprès des élèves de lycée, grâce au montage d’une résidence, déterminante pour l’émergence de ma réflexion sur les corps dans les institutions. Paradoxalement, ce fut la dernière de ce type, puisque toutes les autres résidences ont été des constructions délibérées et spécifiques, hors cadre établi, proposant une démarche s’inscrivant et se déployant au cœur des institutions, en lien et en complicité avec les professionnels de ces institutions, qu’il s’agisse, par exemple, du personnel hospitalier ou du personnel pénitentiaire."
Arnaud Théval

Arnaud Théval "L'art comme médiation dissensuelle" (2022) revue Le Télémaque, Caen.
Arnaud Théval "L'art comme médiation dissensuelle" (2022) revue Le Télémaque, Caen.