Image, imaginaire et illusions
Arnaud Théval, artiste
Dans le cadre du séminaire Art et Design « Entre hostilité et hospitalité »
Coordonné par Carine Delanoë-Vieux
Laboratoire de l'accueil et de l'hospitalité, GHU Paris psychiatrie & neurosciences
Hôpital Saint-Anne
2021
Afin de mettre en perspective le récit de mes recherches avec celle du groupe de recherche du Lab-ah di GHU Paris psychiatrie et neurosciences, je propose dans ce texte de m'appuyer sur celui de Carine Delanoë-Vieux « Image et imaginaire dans les mythologies hospitalières » reçu le 14 décembre. Son contenu résonne très fortement avec mes recherches, il me va comme un gant.
"Nous abordons ici les images comme des agents agitateurs d'un ordre symbolique mal reconnu à l'hôpital, celui des émotions ». Sans doute faut-il remonter un peu le cours du temps afin que je puisse nommer comment les images se fabriquent. Mon processus de création est d'abord une démarche liée à une présence plus ou moins énigmatique liée au flou de la figure de l'artiste. En m'immergeant dans le quotidien de l'hôpital, à l'écoute des professionnels je cherche à comprendre comment se forment les nœuds qu'ils m'évoquent dans les espaces et l'organisation du travail (physiques, symboliques et ressentis) et comment se cristallise autour de sensations comme la perte de temps et de repères le sentiment qu'ils ne peuvent plus bien prendre soin de l'autre. Un ensemble de paradigmes construit dans un temps d'avant les crises de réduction budgétaire et de tarification à l'acte, se trouve mis à mal par les nouvelles politiques managériales en particulier mais pas seulement. L'émotion face aux changements donne un caractère touchant aux perceptions : avant c'était un village (l'échelle et les échanges), maintenant tout paraît déjà usé, les architectures sont sales, accusant les coups de milliers de micros transformations. L'usure des lieux trouve un écho dans l'usure des personnels. Les nouveaux outils de travail à commencer par les bâtiments cachent quelques loups comme l'externalisation de certains services ou encore la mutation contrainte de postes vers d'autres. L'illusion de la vitesse des soins et de la machine hospitalière trouve un écho avec un premier entretien dans ma résidence à l'institut Bergonié dans lequel il est question de l'illusion qui se créé entre les médecins et les patients."